Ce nouveau livre, refonte de la première édition de 2011, présente une sélection de 167 dessins et fac-similés du dessinateur palestinien Naji al-Ali (quelque 10 000 dessins et caricatures lui sont attribués). De son vivant, Naji al-Ali a publié 3 livres, en 1976, 1983 (As-Safir, Beyrouth) et 1985 (Al-Qabas, Koweït City).
Les dessins de Naji al-Ali sont douloureux et tragiques : ils nous parlent de prisons, d'enfermement, de barbelés, d'expulsions, de clés sans serrure ni maisons, de bombardements, d'exodes et d'exils, de camps de réfugiés, d'occupation militaire et de colonisation, de situations humaines absurdes et injustes. C'est donc bien à la vision d'une autre histoire de la Palestine contemporaine à laquelle nous sommes invités tout au long du déroulement des 5 parties de ce livre.
Lors d'une interview, Naji al-Ali avait déclaré que son ouvre et le petit Handala allaient lui survivre. Aujourd'hui, sa prédiction est bel et bien devenue une réalité !
Naji al-Ali, né en Galilée en 1936, a partagé le destin tragique des quelque 800 000 Palestiniens chassés de leurs terres à partir de fin 1947. Comme nombre d'entre eux, il a grandi dans un camp de réfugiés. L'écrivain Ghassan Kanafani fut le premier à publier ses dessins. En 1969, il créa le personnage de Handala, son double, cet enfant qui refuse obstinément de grandir et assiste, en nous tournant le dos, au spectacle désolant de la destruction et à l'humiliation de son peuple. Refusant toute compromission, « poussé à l'exil » à Londres, Naji al-Ali y fut assassiné en 1987. Jusqu'à ce jour, l'enquête sur son meurtre n'a pas abouti.
Son ouvre est emblématique au sein d'un monde arabe qui rêve de liberté...
NAJI AL-ALI (1936-1987)
« C'était un dessinateur de combat. Il incarnait parfaitement le peuple palestinien, indomptable et déterminé » (Siné, voir préface p. 9)
Le 22 juillet 1987, en plein Londres, la balle d'un tueur fit de Naji al-Ali un des premiers caricaturistes assassinés pour leurs dessins.
L'histoire de ce dessinateur palestinien, né en Galilée en 1936, est d'abord celle d'une enfance volée et du destin tragique de ces innombrables familles de réfugiés entassées à la hâte dans les camps de l'Unwra créés spécialement en 1949, suite à la Grande catastrophe nationale, la Nakba.
Pour Naji, ce fut le camp de Aïn al-Hilwe, au Sud-Liban, qui marqua un parcours sinueux et mouvementé dès le départ : celui d'une prise de conscience et de l'engagement politique face à un envahisseur aussi illégitime que soutenu par la mauvaise conscience des puissances coloniales du moment, mandatées pour se partager des territoires administrés auparavant par l'empire ottoman.
Durant tout son parcours, Naji al-Ali n'abandonnera jamais l'idée d'un État palestinien libre et indépendant dont le socle fondateur avait été anéanti lors d'une répression féroce en 1939, privant pour longtemps les Palestiniens de leurs élites et cadres dirigeants.
La résistance palestinienne s'organisa à partir des années 50-60 : l'ouvre de Naji prit son envol, avec la création en 1969 de son alter ego, le petit HANDALA, observateur impertubable de la réalité tragique d'un peuple humilié et dépouillé de tout, sauf de sa fierté.
Aujourd'hui, les dessins de Naji al-Ali gardent toute leur pertinence. Les revendications qu'ils expriment et véhiculent n'ont pas pris une ride : avec la globalisation, ils deviennent un formidable symbole pour tous les peuples opprimés aspirant à la reconnaissance de leurs droits fondamentaux et légitimes, à commencer par ce peuple de Palestine dont les dessins de Naji nous racontent une autre histoire.